Les émotions selon les neuroscientifiques

Les émotions selon les neuroscientifiques

Les émotions selon les neuroscientifiques

Tout au long de notre existence et quelle que soit notre culture, les émotions influencent grandement notre vie. Que ce soit la joie, la colère, la peur, la tristesse, le dégoût ou la surprise, chaque émotion peut être vécue très intensément. Certaines d’entre elles ont “mauvaise réputation”, car elles nous mettent dans l’inconfort. Dans de nombreuses circonstances, nous subissons les émotions ou nous cherchons à les contrôler en les bloquant. Souvent, nous ne prenons pas le temps de comprendre ce qu’elles viennent nous dire, car nous voulons régler au plus vite, le désordre qu’elles causent !

De nombreux neuroscientifiques, neurologues, médecins, psychiatres, psychologues, philosophes ont étudié les origines et le fonctionnement des émotions pour mieux les appréhender et les gérer. Entre autres, une équipe américaine a découvert que nos émotions étaient issues d’une activité cérébrale très large, qui va des profondeurs du cerveau à sa surface. D’autres chercheurs ont confirmé la théorie constructionniste des émotions. Cette étude démontre que nous construisons culturellement nos émotions depuis l’enfance. (Dans le chapitre suivant, nous explorerons cette partie plus en détail.)

Les émotions et les neurosciences

Les recherches neuroscientifiques et l’étude des émotions remontent plus ou moins aux travaux de Charles Darwin. Ce paléontologue, naturaliste s’appuyait sur sa théorie de la sélection naturelle pour expliquer l’origine des manifestations physiques des émotions comme l’érection des poils, la dilatation des pupilles, la sécrétion de la sueur, l’accélération de la respiration et du pouls ainsi que certaines attitudes corporelles. Cette théorie controversée a pourtant étayé de nombreuses recherches scientifiques…

Selon la théorie exposée en 1884 par le psychologue et philosophe américain, William James : « Les changements corporels (pleurs, tremblements, sueurs etc.) suivent immédiatement la perception du fait excitant, et le sentiment que nous avons de ces changements à mesure qu’ils se produisent, c’est l’émotion. »

En 1885, le neurologue et psychiatre danois Carl Georg Lange expose une théorie physiologique similaire à celle de William James. Cependant, Lange limite son analyse aux liens qu’auraient les variations et fluctuations du système circulatoire sur les émotions. De ces deux théories, naîtra la théorie appelée la théorie James – Lange.

Walter Bradford Cannon physiologiste américain va avancer la probabilité d’après laquelle le thalamus constitue la base anatomique de la vie émotionnelle.

Le neuroanatomiste américain James Papez étend l’hypothèse de Cannon, en développant une théorie selon laquelle les émotions résulteraient d’interconnexions entre l’hypothalamus, les noyaux thalamiques antérieurs, le gyrus cingulaire et l’hippocampe.

Les innovations technologiques dans le domaine de l’imagerie médicale ont permis des études encore plus poussées et plus précises quant à « la neuroscience des émotions ».

Selon Tor Wager, professeur en neurosciences à l’université du Colorado, à la tête d’une équipe américaine, nos émotions proviendraient d’une activité cérébrale très large, allant des profondeurs du cerveau à sa surface, c’est-à-dire que « chaque émotion active une multitude de régions cérébrales distribuées aussi bien dans le cerveau profond que dans le cortex, sa partie supérieure » et « chaque émotion correspondrait en fait, à une recette composée à partir d’ingrédients non-spécifiques que sont l’ensemble des processus cognitifs, affectifs, perceptifs et moteurs de base ».

Le chercheur Inserm Maxime Bertoux et l’équipe du laboratoire « Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine » relèvent que :

« Notre étude souligne l’intrication forte de processus neurocognitifs ”affectifs », liés à la reconnaissance des émotions, et « conceptuels » qui étaient supposément distincts. Nous montrons que nos connaissances conceptuelles et notre connaissance du langage ont un rôle déterminant dans la manière dont nous percevons les émotions. Cela nous permet d’apporter de nouveaux éléments pour confirmer la théorie constructionniste des émotions : nous construirions culturellement nos émotions depuis l’enfance.”

Le foisonnement des recherches neuroscientifiques amène de nouvelles pierres à l’édifice de la compréhension du fonctionnement des émotions. Ces découvertes permettent aussi, d’adapter et d’ajuster les différentes pratiques thérapeutiques existantes aux vécus émotionnels des patients.